Le stade de Vancouver pour la Coupe du monde de la FIFA 26
(Photo by Matthew Ashton – AMA/Getty Images)

La Coupe du monde de la FIFA 26 sera la plus grande de l’histoire du soccer, avec 104 matchs, 48 équipes, dans 3 pays hôtes différents dont le Canada, les États-Unis et le Mexique. C’est la première fois qu’un événement de cette envergure s’organise sur un continent entier. 

Elle prévoit d’attirer plus de 5 millions de spectateurs dans les stades, et plus d’un milliard de téléspectateurs.

De nombreuses questions émergent dans un contexte géopolitique très instable, quant à l’impact environnemental d’un tel méga-événement. Des vagues de chaleurs extrêmes ont été enregistrées lors ce la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA aux États-Unis, cet été 2025. Un rappel fort que nous faisons déjà face à des changements climatiques très importants et qui pourraient s’intensifier en 2026. 

Pourquoi cette expansion ? 

À partir de 2026, le tournoi passe de 32 à 48 équipes, soit une augmentation de 50 % (16 équipes supplémentaires). Selon la FIFA, cette expansion vise à accroître l’inclusion mondiale, permettant à davantage de nations, notamment d’Afrique, d’Asie et de régions sous-représentées, de participer à la phase finale.

La demande d’infrastructures pour accueillir 104 matchs (stades, hôtels, transport) est trop lourde pour un seul pays. D’où la candidature sous le projet commun « United 2026 ». Une candidature tripartite qui a remporté l’organisation de la Coupe du Monde de la FIFA 2026, le 1er juin 2018. Marquant une première dans l’histoire de la compétition.

Un héritage important 

L’édition 2026 ne prévoit aucune construction majeure d’installation sportive. Cela avait causé beaucoup de critiques, au Quatar en 2022, avec la construction de nouveaux stades et infrastructures, ainsi que les systèmes de refroidissement nécessaires dans le climat désertique.

Les 16 stades prévus pour ce tournoi existent déjà et bénéficieront de rénovation. C’est une excellente nouvelle et cela constitue un bel héritage pour toutes les villes accueillant la coupe du monde de soccer. 

De plus, les 16 équipes supplémentaires auront l’opportunité de représenter leur pays sur la scène mondiale, de mettre en valeur leur culture et leur jeunesse, et de fédérer leur population autour d’un événement planétaire.

Mais ce point ne suffit pas à compenser le coût environnemental global du tournoi.

« C’est impossible d’avoir un mégaévénement qui soit durable. Il n’y a rien que la FIFA fait jusqu’à maintenant qui nous démontre vraiment qu’elle veut que la Coupe du monde de 2026 soit durable. »

Une citation de Madeleine Orr, écologiste en sport, Université de Toronto

Stade BMO – Toronto qui accueillera la FIFA 2026

Impact environnemental de la Coupe du Monde 2026

À ce jour, il est encore difficile d’imaginer une stratégie commune entre les 3 pays et les enjeux géopolitiques. Ce qui est inquiétant, compte tenu de la projection de 9 millions de tonnes de CO₂ pour l’édition 2026 (vs 5,25 Mt pour le Qatar en 2022).

D’après l’OMT (UN Tourism), le tourisme sportif représente déjà 10 % des dépenses touristiques mondiales, en croissance de 17,5 % d’ici 2030. Miami anticipe 1 milliard $ en retombées économiques pour 7 matchs, dont la petite finale.

La présence d’autant de touristes internationaux à forcément une contrepartie environnementale. On estime à une moyenne de 74% le taux de l’empreinte carbone générée par les spectateurs dans les Grands Événements Sportifs Internationaux (GESI). Pour la FIFA 2026, on estime que le transport représentera 86% de son empreinte carbone, soit 7,72 Mt CO₂.

Les principales sources d’émissions :

  • Une organisation répartie sur 3 pays = émissions de transport très élevées à cause de déplacements intercontinentaux massifs ( estimation : 7,72 Mt CO₂) ;
  • 104 matchs au lieu de 64 – plus de logistique, d’équipes, de personnel et de consommation énergétique ;
  • Nouveaux sponsors liés aux énergies fossiles (Aramco).

« Les villes nord-américaines n’ont pas les modes de transports durables assez rapides pour les joueurs et les amateurs. La distance entre ces villes va donc obliger la majorité des gens à voyager par avion, ce qui n’est pas du tout durable. » 

Une citation de David Black, professeur de sciences politiques et d’études sur le développement international à l’Université Dalhousie

J’en parle davantage lors de mon entrevue Radio-Canada avec Nicolas Haddad dans l’émission « Y’a pas deux matins pareils » sur le sujet suivant : La FIFA 2026 et son impact environnemental. – La FIFA 2026 : quel impact sur l’environnement? | OHdio | Radio-Canada

Passage de James Guilbaud dans l’émission « Y’a pas deux matins pareils » sur le sujet suivant : La FIFA 2026 et son impact environnemental.

Un tournoi avec des enjeux climatiques colossaux

Le compte à rebours est lancé, mais… je ne trouve toujours rien de concret sur la stratégie climatique pour la prochaine Coupe du Monde de la FIFA 26. De plus, je m’interroge sur la capacité de ces trois pays hôtes, aux ambitions très différentes en matière de durabilité, à s’aligner autour d’objectifs environnementaux communs.


Le soccer a été fortement frappé par une vague de chaleur extrême et des orages lors de la dernière Coupe du Monde des Clubs de la FIFA aux États-Unis — un avant-goût de ce qui pourrait attendre joueurs et spectateurs à l’été 2026,
À Cincinnati et Philadelphie, les températures ont dépassé les 32 °C, forçant les joueurs à faire des pauses fraîcheur. Plusieurs entraîneurs ont même qualifié ces conditions de totalement inadaptées à l’entraînement. Sachant qu’au delà de 30°C, cela augmente considérablement les risques liés au coup de chaleur ou l’épuisement.


On rajoute à cela les feux de forêt au Canada qui s’intensifient et se multiplient chaque été, rendant l’air de moins en moins respirable à cause de la fumée des feux / le smog. Selon les données du gouvernement canadien, la saison des feux de forêt de cette année est la deuxième plus importante jamais enregistrée.

Des stades sous haute tension climatique

Selon une étude basée sur les données du Copernicus Climate Change Service, 8 stades sur 16 sélectionnés pour la Coupe du Monde 2026 nécessitent des interventions environnementales urgentes car ils sont exposés à des stress thermiques extrêmes, mettant en danger la santé des joueurs et des spectateurs.
Parmis les stades suivants Arlington, Houston et Monterrey, les températures moyennes pourraient atteindre près de 49,5 °C en journée pendant la compétition.

Outre la chaleur extrême, les joueurs devront composer avec l’altitude, notamment au stade de Tlalpan (Mexique), situé à 2240 mètres, ce qui réduit la teneur en oxygène. À cela s’ajoutent les déplacements fréquents entre 16 sites répartis sur neuf zones climatiques différentes.

Durabilité FIFA ?

De son côté, la FIFA dit reconnaître son impact écologique et prévoit des actions :

  • Affecter les équipes à des régions géographiques fixes en phase de groupes, pour réduire les déplacements des joueurs ;
  • Nouveau protocole d’introduire des pauses fraîcheur, des bancs ventilés et plus de zones d’ombre ;
  • Réduire de 50 % ses émissions d’ici 2030
  • Atteindre la carboneutralité d’ici 2040, en lien avec la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques.

Des promesses très insuffisantes et peu détaillées à 1 an du début de la compétition.

Le Dr Tim Walters a été clair, lors d’un webinaire organisé en fev 2025 :
« Si la durabilité était une véritable préoccupation, l’événement ne serait pas structuré de cette manière. »

La FIFA 2026 – Carton rouge

Face à tous ces enjeux climatiques, les fédérations doivent absolument prendre des décisions pour éviter que la situation empire mais aussi pour protéger la santé des athlètes. Certaines solutions existent comme repenser les calendriers et formats de compétition, réduire le nombre de compétitions, limiter les vols internationaux pour les phases de groupes, promouvoir la mobilité durable pour les spectateurs locaux et offrir une compensation carbone crédible, vérifiable et locale.


En attendant la Coupe du Monde 2030 sera encore plus mondiale et donc encore plus polluante en s’étendant sur 3 continents :

  • Espagne, Portugal, Maroc
  • Et trois matchs supplémentaires en Uruguay et en Argentine.


Le Canada, les États-Unis et le Mexique ont une opportunité unique de démontrer qu’un méga-événement peut évoluer vers plus de cohérence climatique. Mais cela demandera des décisions fortes et transparentes, au-delà des promesses. Le sport doit s’adapter à la réalité climatique, non l’inverse.

Pour les organisateurs d’événements sportifs au Canada

Si vous êtes organisateur ou organisatrice d’événement sportif :

  • Posez-vous la question de votre impact environnemental ;
  • Mesurez votre empreinte carbone ;
  • Agissez sur les transports, l’alimentation, la gestion des déchets ;
  • Mettez en valeur vos initiatives écoresponsables pour inspirer les autres.


Chez Sport+Eco, nous donnons la parole à celles et ceux qui veulent faire bouger les choses.

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