
Une balle de tennis qui finit à la poubelle. Une médaille oubliée dans un tiroir. Des litres d’eau gaspillés dans les glaces de hockey. Et si ces symboles du sport avaient une seconde vie et étaient détournés des sites d’enfouissement ? Une nouvelle tendance émerge : le sport devient un terrain de jeu pour l’économie circulaire.
Des médailles du marathon aux balles jaunes des courts de tennis, ce sont des symboles forts du sport provenant des grands rendez-vous sportifs. Ils ne peuvent plus se contenter d’être des vitrines d’excellence athlétique mais ils doivent désormais casser les codes et montrer leur exemplarité environnementale. Que se passe-t-il avec ces symboles une fois que la compétition est terminée ? Est-ce qu’il existe des solutions pour réduire leur empreinte carbone.
Cette quête de sens touche tous les sports, il faut juste trouver les bons organismes qui sauront comment revaloriser ces symboles.
Pourquoi l’économie circulaire s’impose dans le sport ?
Encore aujourd’hui, les compétitions sportives de grande envergure sont perçues comme des événements avec des impacts environnementaux très importants et éphémères. Cette époque est maintenant révolue.
Il ne s’agit plus de compenser après coup, mais de concevoir durable dès l’origine et de se réinventer notamment avec l’économie circulaire et éviter l’accumulation.
La saturation rapide des sites d’enfouissement au Québec comme en Ontario met en exergue l’urgence de réduire, détourner et valoriser les déchets, y compris les équipements et les symboles sportifs.
Une étude de l’ESG McGill indique qu’en 2030, 25 % de la capacité totale des sites d’enfouissement du Québec sera déjà atteinte, soit 9 site sur 38. Le site de Terrebonne, unique site d’enfouissement de la métropole, devrait initialement atteindre sa capacité en 2029. Mais la capacité sera atteinte plus tôt, dès 2027 selon les dernières données.
Selon l’Ontario Waste Management Association, la capacité restante des sites d’enfouissement sera épuisée vers 2036.
Il est primordiale de détourner un maximun de déchets potentiels de l’enfouissement, car nous arrivons déjà à saturation.
Qu’est-ce que l’économie circulaire?
L’économie circulaire est un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler les produits et les matériaux existants le plus longtemps possible afin qu’ils conservent leur valeur. Selon l’Europarl. Dans le sport, l’économie circulaire signifie réutiliser ce qui fait vibrer les foules : balles, chaussures, médailles, visuels… plutôt que de les laisser finir en déchets.
Les bénéfices sont multiples :
- réduire l’enfouissement et les émissions liées à l’incinération,
- créer de la valeur locale,
- offrir des souvenirs durables aux participants,
- améliorer l’image des événements et de leurs partenaires.
Au Canada comme ailleurs, cette approche transforme déjà des initiatives locales en solutions concrètes et inspirantes.
Le sport face à la pression environnementale : un secteur contraint de se réinventer
Au Canada on peut être fier, car il existe de nombreuses solutions toutes aussi innovantes pour recycler, revaloriser ou même réutiliser ces symboles, pour leur donner une seconde vie.
Quelles solutions existent-ils ?
La balle de tennis – l’or jaune
Selon l’Ellen MacArthur Foundation, 95 % des balles de tennis (environ 330 millions produites par an) sont envoyées en incinération ou à l’enfouissement.
Grâce à Recycle Balls, en collaboration avec Tennis Canada, des milliers de balles usagées ont déjà été collectées et recyclées. Leur caoutchouc a déjà été réutilisé pour créer un terrain, notamment au Stade de Toronto. Le sport joue littéralement… sur son propre recyclage.
D’autres projets comme Ecoball, fondé par Richard Soucy, pressurisent à nouveau les balles pour leur donner une seconde vie dans les clubs locaux. Depuis fin 2023, plus de 4000 balles de tennis ont été détournés de l’enfouissement, pour retourner sur les courts de tennis.
Richard Soucy ne compte pas jeter ses balles «mortes». Il est actuellement en phase d’essais pour les transformer en dos d’âne». Cette entreprise réfléchit aussi à trouver une utilité à toutes les composantes de la balle, dont le feutre.

Donner une seconde vie aux souliers de sport (sneakers)
Les chaussures de sport sont parmi les équipements les plus consommés… et les plus difficiles à recycler car elles sont composées de nombreuses matières différentes.
Selon l’Ellen MacArthur Foundation, seulement 5 % des chaussures (type “super shoes” très techniques) sont recyclées ; le reste est en grande partie incinéré ou enfoui. De plus, ce sont des milliards de paires jetées chaque année — 22 milliards selon leurs estimations.
Ils existent 2 initiatives au Canada, pour donner une seconde vie aux chaussures :
- Sneaker Impact : Des boites de chaussures sont disponibles à la Boutique Courir pour récolter les vieux souliers de course. Une initiatives coordonnées par James Guilbaud avec la Boutique Courir et collaboration avec Sneaker Impact (compagnie américaine). L’aventure à débuté lors de la 3ème édition du Ploggaloop (course annuelle de ramassage de déchets) ou les participants étaient invités à ramener leurs chaussures. Les chaussures les moins abimées vont à la Maison du Père puis pour les chaussures trop abimées, Sneaker Impact les récupère pour réutiliser les matières.
- ReRUN shoe : fondé par Julie-Anne Staehli OLY (athlétisme – Tokyo 2020) – Redistribution de chaussures légèrement usagées à des jeunes défavorisés, afin de favoriser l’activité physique et de réduire les déchets.

Des visuels en sacs
Dans le cadre des événements sportifs il est très commun de devoir réaliser des supports visuels au couleur de l’événement et pour mettre les logos des partenaires. Souvent ces visuels sont créés pour résister aux intempéries extérieures, avec des matériaux plus complexes. Par conséquent, ils ne sont pas recyclables et finissent brûlés ou à l’enfouissement.
Certaines organisations choisissent désormais de transformer ces matériaux en sacs, pochettes ou objets utiles. Ainsi, ce qui était destiné à la poubelle devient un souvenir durable pour les participants et bénévoles.
C’est ce que Tourisme Montréal à fait avec des oriflammes pour créer des sacs étanches et très pratique. J’utilise personnellement ce sac tous les jours et je le trouve très pratique. Dans le cadre d’une “Tournée des Champions”, une communauté de pratique auprès des acteurs du sport de Montréal, j’ai pu offrir à ces acteurs un sac à chacun afin qu’ils ramenent cette solution dans leur propre événement. Ce sac a été produit par Entre-peaux

Médailles en bois recyclé
Certaines compétitions choisissent désormais des médailles fabriquées à partir de matériaux revalorisés. Mais surtout, les promoteurs offrent la possibilité de refuser la médaille dès l’inscription.
Harricana : le promoteur fait fabriquer les médailles de l’évènement au Québec, en bois. Elles sont donc biodégradables et réutilisables.
Marathon Vancouver : le promoteur Running Series a collaboré avec ChopValue, pour des médailles fabriquées à partir de baguettes de bois recyclées.
En chiffres :
- Il faut 75 baguettes de bois utilisées pour faire 1 médaille ;
- Lors du marathon 477,600 baguettes de bois ont été utilisées ;
- -23,251 kgCO2e d’émissions ont été sauvés.
Chaque victoire devient alors double : sportive et environnementale.

Recycler la neige des glaces de hockey
1,5 million de litres d’eau par an, par aréna, c’est le nombre de neige perdu quand la glace est resurfacée.
À l’échelle du Canada et de ses 2 766 arénas, cela représente 4,15 milliards de litres d’eau potable gaspillés chaque année.
Comment ? Grâce au fondeur à neige écoresponsable, Alain Phaneuf. Il recycle l’eau issue du resurfaçage des glaces pour la réutiliser au lieu de la jeter. Une machine fait fondre la neige récupérée par les surfaceuses, filtre l’eau et la réutilise.
“C’est comme un immense lave-vaisselle, mais pour la neige”, explique Alain Phaneuf.

Le Canada, un laboratoire du sport circulaire
Et si, demain, chaque compétition sportive au Canada devenait un laboratoire d’économie circulaire ? Organisateurs, fédérations, villes : il est temps de jouer la prolongation… pour la planète.
Connaissez-vous d’autres initiatives circulaires dans le sport ? Partagez-les, nous aimerions leur donner une tribune sur Sport+Eco.



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