Quand le tennis devient un modèle écoresponsable

Cette année, l’Omnium Banque Nationale (OBN) est passé de 10 jours à 12 jours et a attiré plus de 250 000 spectateurs, un record. Depuis plus de 10 ans, l’organisateur, Tennis Canada, place l’écoresponsabilité au cœur de ses opérations, faisant de cet événement un modèle de classe mondiale. 

Le 30 juillet 2025, nous avons eu la chance de découvrir le site de l’OBN 2025 à Montréal et toutes les initiatives écoresponsables mises en place par Tennis Canada. Plongeons dans les coulisses d’un tournoi majeur et d’une expérience terrain riche en apprentissages, avec l’Éco-Tour.

Le tournoi OBN 2025

Un tournoi historique

L’Omnium Banque Nationale (OBN) est l’un des tournois les plus prestigieux du circuit Masters 1000 et un rendez-vous incontournable du tennis mondial.

Chaque année, Toronto et Montréal se partagent l’événement : une année pour le volet féminin, l’autre pour le masculin. Cette année, le volet masculin (ATP) a célébré son 144e anniversaire, à Toronto, tandis que le volet féminin (WTA), a célébré la 132e année, au Stade IGA.

Cette année a marqué l’histoire du tennis canadien : Victoria Mboko, invitée grâce à une wild card, est devenue la première Canadienne à remporter le titre féminin à Montréal. Ce tournoi a également fêté la retraite d’Eugénie Bouchard.

Une référence mondiale en écoresponsabilité

Tennis Canada mène depuis plus d’une décennie une stratégie environnementale ambitieuse. Aucun autre tournoi Masters 1000 au monde ne va aussi loin dans l’intégration de pratiques écoresponsables. Cet engagement fort lui permet d’atteindre un niveau très élevée de durabilité. 

L’édition 2025 a fixé deux priorités majeures : 

• Maximiser le réutilisable (verres, contenants, signalétique, etc.)

• Changer de fournisseurs et partenaires pour favoriser l’économie circulaire et la réduction des déchets.

Tennis Canada collabore notamment avec le Conseil québécois des événements écoresponsables (CQEER) pour intégrer ces mesures dans toutes les étapes du tournoi.

L’Éco-Tour – une première

Qu’est-ce que l’Éco-Tour ?

Initié par le Réseau Éco-Sportif, l’Éco-Tour est la première tournée d’événements sportifs écoresponsables au Québec.

L’objectif du Réseau Éco-Sportif est de mobiliser la communauté sportive autour des enjeux environnementaux et partager les bonnes pratiques directement sur le terrain, en bénéficiant de l’expertise de ses membres.

L’invitation a été lancée à toutes les personnes ayant participé à l’événement du 4 juin 2025, les Rencontres Éco-sportif. – lire article – Rencontres Éco-Sportives 2025 : le sport québécois en action pour la planète – Sport+Eco

Une communauté de pratiques

Le 30 juillet 2025, le Réseau Éco-Sportif a organisé une visite de site de l’OBN 2025, en collaboration avec Tennis Canada. Une manière d’apprendre les meilleures pratiques en écoresponsabilité, sur le terrain. 

Cette visite fut nommée l’Éco-Tour – OBN 2025 et dirigée par Frédérique Bujold, coordonnatrice de projets à Tennis Canada. Frédérique travaille qui consacre l’année entière à améliorer et à déployer ces initiatives auprès de tous les départements du tournoi. Nous avons donc bénéficié d’une très grande expertise lors de cette première édition de l’Éco-Tour.

Comment allier sport et développement durable selon l’Omnium Banque Nationale 2025 ?

Cette visite terrain est une occasion en or de comprendre les enjeux et les actions mises en place par un organisateur d’événement sportif. Chaque événement possède son propre contexte, ses infrastructures et ses défis. Mais les problématiques environnementales et les solutions mises en place sont souvent transférables. 

Lors de cette tournée on passera de la mobilité, à la communication et la gestion des déchets. 

Voici ce que nous avons découvert lors de cette visite :

1. Des spectateurs qui sont mobilisés

Un événement sportif ne peut pas vivre sans spectateurs. La mobilité est un pilier essentiel de la durabilité, et cela commence par des déplacements propres et un accès universel.

• Partenariat avec la STM : chaque billet inclut un aller-retour en transport en commun.
• Transport actif : Tennis Canada encourage les spectateurs à venir à vélo et met à disposition de nombreuses stations sécurisées.
• Hydratation responsable : chaque visiteur est invité à apporter sa gourde personnelle et à la remplir sur place aux stations d’eau.
• Accessibilité renforcée : des bénévoles spécialement formés accompagnent les personnes à mobilité réduite dans l’enceinte du tournoi. Des rampes ont été installées pour assurer un accès universel à toutes les zones du village.
• Inclusion numérique : l’accessibilité commence en ligne. En collaboration avec Altergo, Tennis Canada a rendu son site web et sa billetterie plus inclusifs, afin de faciliter la navigation pour tous.

2. Adaptation climatique

Si le tournoi a échappé à la pluie en 2025, il a dû composer avec de fortes chaleurs.

• Ajout de fontaines d’eau supplémentaires, pendant le tournoi.
• Négociations avec les partenaires pour créer davantage de zones d’ombre.

3. Gestion des déchets et économie circulaire

En 2024, Tennis Canada a atteint un taux remarquable de détournement des déchets de l’enfouissement, qui s’élevait à 70%. Ce résultat s’explique par un ensemble de mesures concrètes :

• Tri complet des déchets grâce à un partenariat avec WM depuis trois ans.
  
• Consigne des canettes avec Goconsigne.
  
• Compostage assuré par 100 % des traiteurs.
  
•  Réemploi créatif :
  • 2 300 balles de tennis collectées et démontées pour séparer les matériaux.
  • Bannières transformées en housses ou en produits dérivés par des couturières locales.
  • Récupération et réutilisation de panneaux en choroplastes via Synergie Montréal.

4. Restauration responsable

Lors d’un tournoi, il faut nourrir plus de 1 000 bénévoles et membres du staff, ainsi que les spectateurs. Pour éviter le gaspillage alimentaire et l’utilisation de vaisselle jetable, Tennis Canada a mis en place plusieurs initiatives :

• 1 300 portions par jour pour les bénévoles et le staff, avec un important travail de prévision afin de limiter les surplus.
  
• Partenariat avec La Tablée des Chefs pour redistribuer les surplus alimentaires.
  
• Collaboration avec Retournzy pour fournir de la vaisselle réutilisable et lavable aux bénévoles et au staff.
  Retournzy prêtait près de 20 000 items par jour depuis ses locaux situés à seulement 3 minutes du Stade IGA, avec toutes les livraisons effectuées en vélo cargo.

6. Communication et sensibilisation

Un tournoi ne se contente pas d’agir : il doit aussi expliquer, inspirer et embarquer tout le monde dans sa démarche. Tennis Canada a ainsi misé sur la communication et la sensibilisation pour maximiser l’impact de ses actions écoresponsables.

• Page web dédiée aux actions écoresponsables, avec un rapport annuel des deux tournois ;

• Formation des bénévoles pour qu’ils soient ambassadeurs des initiatives vertes ;

• Utilisation des données pour convaincre les commanditaires et renforcer l’image du tournoi.

Défis et perspectives

Malgré les progrès, plusieurs enjeux demeurent :

• Compostage : disparités entre provinces en matière d’infrastructures ;

• Bénévoles : recrutement et formation spécifiques à l’écoresponsabilité. “Est-ce qu’on peut garder une brigade verte ?” se demande Frederique Bujold. 

• Acceptation du public : Selon les sondages réalisés auprès des visiteurs, plusieurs estiment que le tournoi n’en fait pas assez pour l’environnement. Frédérique se réjouit toutefois de constater que la communauté se montre aussi préoccupée par ces enjeux et attentive aux initiatives de Tennis Canada. Mais il semble que nombre d’actions déjà mises en place passent encore inaperçues. Un travail important reste donc à faire pour mieux sensibiliser et informer les visiteurs.

Partenariat – Comment les marques peuvent nuire à notre image? 

Lors de l’Omnium Banque Nationale 2025, une athlète a suscité la controverse en faisant la promotion de Shein, marque emblématique de la fast fashion, alors même que l’entreprise n’est pas partenaire officiel du tournoi. Cette apparition marketing a créé un risque de confusion, d’autant plus que l’image de Shein va à l’encontre des engagements écoresponsables forts affichés par Tennis Canada. L’association, même involontaire, entre un événement sportif engagé et une marque au lourd passif environnemental et social peut nuire à la crédibilité du tournoi.

Cet épisode rappelle que l’image d’un événement ne se limite pas à ses actions et partenariats officiels. Les marques, influenceurs et athlètes présents peuvent, volontairement ou non, véhiculer des messages contraires à la mission et aux valeurs de l’organisation. Dans un contexte où la réputation se construit aussi sur la perception publique, les organisateurs doivent anticiper ces risques et mettre en place des mesures de prévention, de communication et de sensibilisation.

Au-delà de ce cas précis, la situation soulève une question plus large : comment concilier sport, marketing et responsabilité environnementale ? Pour protéger la cohérence de leur démarche, les comités organisateurs doivent encadrer les collaborations, éduquer leurs partenaires et accompagner les athlètes dans leurs choix commerciaux. C’est à ce prix que les événements sportifs pourront allier performance, engagement et crédibilité.

Conclusion

L’OBN 2025 démontre qu’il est possible d’organiser un événement sportif international tout en intégrant des solutions concrètes pour réduire son impact environnemental.

Cette réussite est le fruit d’un travail entamé il y a dix ans, renforcé par la présence d’une personne dédiée à temps plein depuis trois ans. Elle illustre qu’une vision à long terme, alliée à un engagement fort, est essentielle pour mobiliser les équipes, les partenaires et les partisans.

L’exemple de l’OBN prouve que la durabilité dans le sport n’est pas une contrainte, mais une opportunité de repenser l’événementiel pour qu’il soit plus responsable, inspirant et fédérateur.

Devons nous nous attendre à un deuxième Eco-Tour en 2026 ? Quel événement aimeriez-vous visiter ?