James Guilbaud finissant de la course 42km St Siméon, qui tient une médaille en bois de L’Ultra-Trail Harricana.

Une édition record avec plus de 4 400 participants sur l’ensemble des épreuves, au coeur des Montagnes de Charlevoix. Cet événement de grande envergure attire de plus en plus de coureurs passionnés par la course et la nature. Sur le papier, un combo parfait entre le sport et l’environnement, mais qui révèle des défis majeurs. Comment cet événement trail parvient-il à allier performance et durabilité dans une réserve mondiale ? Courir le 42km de l’UTHC m’a offert un panorama unique sur les paysages de Charlevoix et sur les initiatives écoresponsables de l’organisateur entre les transports et les médailles en bois, l’engagement est fort. 

Le dimanche 7 septembre, j’ai pris le départ du 42km de St-Siméon, une course incroyable dans ma région préférée du Québec, sur les sentiers de l’Harricana. Un véritable défi et une immersion au cœur de l’Ultra-Trail Harricana du Canada (UTHC). Mon objectif ? Profiter, observer et partager des solutions concrètes que vous pourrez reproduire dans vos courses ou événements sportifs.


Série « Au coeur de… »

« Au cœur de… » est une série d’articles qui parlera de mon expérience en direct d’un événement sportif au Canada. Je vous partagerai les coulisses et les solutions écoresponsables que j’aurai découvert lors de la compétition. Mes rôles seront variés passant d’athlète, à bénévole, chef d’équipe, partenaire…


L’UTHC : un événement durable dans son ADN

Cette année, c’était la 14ᵉ édition de l’Ultra-Trail Harricana du Canada (UTHC), qui se tenait du 5 au 7 septembre dans la région de Charlevoix. Une édition marquée par le retour de Mathieu Blanchard sur la distance reine du 125km. 

Depuis sa création en 2011, l’Ultra-Trail Harricana se distingue par son engagement environnemental. L’UTHC se déroule au cœur d’une réserve mondiale de la biosphère de l’UNESCO. C’est une région reconnue pour sa biodiversité, ses écosystèmes uniques et son relief causé par un cratère de météorite.  La course vise à sensibiliser participants, bénévoles et partenaires à la préservation de la nature tout en offrant une expérience sportive intense.

Événements Harricana a remporté de nombreux prix comme : le prix Écoresponsable du Gala Charlevoix 2017 et finalistes aux Grands Prix Les Vivats comme événement écoresponsable.

« Notre objectif principal est de montrer qu’il est possible d’organiser un événement de grande envergure dans une aire naturelle sensible, en adoptant des pratiques durables »

Samuel Matte-Thibault 
Départ du 125km UTHC – Crédit Photo – Ian Roberge

Comment déplacer autant de personnes dans une région aussi reculée ?

Si l’engagement est fort, certaines mesures restent difficiles à mettre en œuvre. Le transport individuel reste un défi majeur, surtout en région où les distances entre les villes, les villages et les sites sont importantes. L’équipe travaille donc sur des solutions innovantes pour encourager le covoiturage et l’usage des navettes.

C’est connu, l’une des plus grandes empreintes carbones d’un événement, de cette taille, qui attire plus de 10 000 visiteurs, c’est le transport. Si vous êtes déjà allés à Charlevoix, vous savez que les espaces sont grands et donc les routes très longues. À raison de 4 400 participants et 10 000 visiteurs, cela peut augmenter drastiquement l’empreinte carbone et causer une mauvaise expérience des participants. C’est pour cela que j’aimerais parler de l’inititative des “navettes en continu” et gratuites mises en place lors de l’UTHC.

En quelques chiffres : 

  • 8 zones points d’embarquement
  • 2 stationnements auxiliaires
  • 2 jours de navettes en continu

Heureusement la communauté s’organise entre elle et se sont souvent des longs weekend d’amis ou de famille qui sont programmés à l’avance, donc le covoiturage est de rigueur.


Saviez-vous : sur le transport ?

Émissions par kilomètre

  • Individuellement (conducteur seul) : Une voiture individuelle peut émettre entre 112 et 293 g de CO2 par kilomètre et par passager, selon le modèle et le type de carburant. 
  • En covoiturage de 4 personnes : Les émissions totales du véhicule sont réparties entre les 4 passagers, ce qui réduit drastiquement l’impact carbone individuel. 

Nous n’avons pas trouvé les chiffres au Canada, mais pour vous donner un ordre d’idée , selon les Chiffres clés des transports 2024, la voiture individuelle est à l’origine de 82 % de l’empreinte carbone des transports français. Un bilan plus élevé que celui de l’aérien du fait de son utilisation quotidienne par individu et pour de courts trajets. – source Greenly – Quelle est l’empreinte carbone d’un vol en avion ? – Greenly


Les autres initiatives concrètes et inspirantes

Au-delà du défi sportif et de la beauté de la région, l’Ultra-Trail Harricana se démarque par une série d’actions concrètes qui redéfinissent ce que peut être un événement écoresponsable. Voici quelques mesures qui m’ont particulièrement marquées cette année.

« Ce territoire sensible incite à une gestion responsable et rend les initiatives durables d’autant plus cruciales. » souligne Samuel Matte-Thibault

Les récompenses : Ici, pas de médailles en métal importées ni de trophées en plastique. Toutes les médailles et les trophées sont réalisés en bois et localement au Québec. Il n’y a aucune mention de la distance sur les médailles, elles sont toutes identiques. Cela permet de mutualiser la production et d’éviter le gaspillage.

Comme vous le savez, j’ai lancé un mouvement appelé #DNFmedal – Did Not Fetch Medal – je milite pour une remise en question de la médaille à tout prix. Comme vous avez pu le voir, j’ai accepté cette médaille car j’admire la démarche et il s’agit d’un matériau renouvelable et durable, en accord avec ma démarche écologique. C’est une initiative audacieuse et inspirante qui devrait être appliquée plus souvent. 

Médaille en bois de l’Ultra-Trail Harricana du Canada.

Gestion des déchets : Sur le site d’arrivée au Mont Grand Fonds, il y a uniquement une station de tri et aucune poubelle. Ce modèle, simple mais redoutablement efficace, évite la contamination des matières recyclables. J’avais déjà relevé cet enjeu lors de mon expérience au Formula 1 Grand Prix du Canada. En effet, j’avais constaté que l’accumulation de poubelles sur le site avait une mauvaise influence sur le tri des spectateurs. D’où la mise en place d’une brigade ou d’un îlot de tri pour optimiser la gestion des matières résiduelles, comme ici. 

Lire aussi : Au cœur de… l’escouade verte de la Formula 1 Grand Prix du Canada. – Sport+Eco

Ilôt de tri des matières résiduelles, sur le site de l’UTHC

Réduction du plastique : Sur le site et lors de la course, il y a des stations de remplissage d’eau, car il est interdit de vendre des bouteilles en plastique jetables. Il est aussi recommandé d’apporter sa propre gourde, des flasques ou un gobelet réutilisable. C’est une petite contrainte logistique pour l’athlète, mais un grand pas pour réduire l’empreinte plastique de l’événement. Là encore, le geste individuel devient une contribution collective.

Station de distribution d’eau sur le site de la course.

Promotion / communication : il existe des articles de promotion mais il n’y a aucune date sur les produits (hoodies, tee-shirts…) et les articles de l’année antérieure sont vendus moins chers l’année suivante pour écouler les stocks. Une stratégie simple mais efficace pour éviter la surproduction textile.

Il y a une page dédiée aux initiatives accessibles à tous les coureurs et permettre d’anticiper et s’organiser – Course Écoresponsable | Ultra-Trail Harricana du Canada


Équipement réutilisable : Le balisage des sentiers est soigneusement conservé et réutilisé chaque année, limitant l’achat de matériel neuf. Le balisage est très important dans ces courses en pleine nature car il permet de protéger la biodiversité, en limitant le passage des traileurs. 

Ravitaillement responsable : Lors de ma course du 42km de St Siméon, j’ai profité d’un ravito avec des produits locaux et surtout sans emballage. Les ravitaillements étaient parrainés par l’entreprise Näak, une compagnie montréalaise qui a pour mission de construire le carburant le plus efficace et le plus durable pour les sports d’endurance. 

Il est d’ailleurs mentionné dans le guide et avant la course qu’il n’y aura aucun verre distribué et qu’il faut amener son propre verre ou gourde pour s’hydrater.


Partenariats locaux : collaboration avec fournisseurs responsables et acteurs de la région. L’UTHC s’appuie sur des collaborations locales (Mont Grand-Fond, Biosphère de Charlevoix, Sentier Québec Charlevoix) et sur des soutiens publics. Résultat : une retombée positive pour l’économie régionale et un ancrage dans la communauté.

Ces mesures ne sont pas seulement symboliques : elles démontrent que même un événement de plus de 4 400 participants peut réduire significativement son empreinte écologique.

« L’UTHC laisse une trace durable sur Charlevoix, et c’est un exemple inspirant pour tous les événements sportifs au Canada. »

Samuel Matte-Thibault 

Pourquoi ça compte pour vos événements

Courir dans Charlevoix m’a rappelé qu’au-delà de la performance, le sport peut être un vecteur de changement. L’Ultra-Trail Harricana montre que la durabilité est possible, même dans les événements sportifs les plus exigeants. Chaque geste compte, et c’est en partageant ces initiatives que nous pouvons inspirer d’autres courses, clubs et athlètes à agir pour un sport plus responsable.

Envie de reproduire ces initiatives ? Partagez vos idées, inspirez vos clubs ou événements, et ensemble, faisons du sport un moteur de durabilité.

2 réponses à « Au cœur de…l’Ultra-Trail Harricana : sport et durabilité au cœur de Charlevoix »

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