
Les athlètes canadiens sont préoccupés par l’avenir du sport d’hiver au Canada. Les effets des changements climatiques menacent tous les jours les lieux de compétitions et d’entraînements des athlètes et donc leurs performances. De la diminution de l’enneigement à la qualité de l’air passant par l’augmentation des périodes de chaleur extrême, les conséquences sont multiples. Avec Protect Our Winter (POW) Canada, ils demandent au gouvernement, notamment au Premier ministre Mark Carney, de maintenir l’urgence climatique au cœur des priorités nationales, surtout à l’approche des Jeux olympiques d’hiver de Cortina-Milano.
76 % des canadiens se disent préoccupés par les impacts des changements climatiques sur les générations futures.
Re.Climate – Ipsos & Tree Canada, 2024.
Le sport d’hiver au Canada : un patrimoine fragilisé
Quels sont les impacts du changement climatique sur le sport d’hiver au Canada ?
Les températures en hausse menacent l’accès au sport hivernal, notamment pour les pratiques extérieures. Voici quelques exemples :
- Températures en hausse : Une augmentation de +1,7 °C est prévue entre 2021 et 2050.
- Diminution de la neige naturelle : Environ 4 jours sans neige supplémentaires par année d’ici 2050.
- Saisons plus courtes : Dans les Laurentides, la saison pourrait passer de 104 à 97 jours.
- Patinoires extérieures menacées : Une réduction de 11 à 15 jours de patinage si le réchauffement planétaire est limité à 2 °C (étude Concordia, 2020).
Selon Ouranos, 2024 a été une nouvelle année record, le cap des +1,5 °C, comparé à l’ère préindustrielle, est franchi. On peut sûrement déjà prévoir que 2025 sera de nouveau une année record avec les chaleurs enregistrées cet été.

Les athlètes passent à l’action
Début octobre, 77 athlètes canadiens, olympiens et paralympiens ainsi que des retraités ont publié une lettre ouverte destinée au premier ministre Mark Carney en lui demandant de garder l’urgence climatique parmi les priorités du gouvernement canadien.
“ Nous ressentons directement les effets des changements climatiques lors de nos entraînements et compétitions, avec des répercussions qui compromettent notre capacité à performer, et même à compétitionner en toute sécurité, tant au Canada qu’à l’international “ – passage de la lettre de POW
Cette citation provient de la lettre des athlètes adressée au premier ministre et qui démontre leur profonde inquiétude sur l’avenir de leur sport face au bouleversement climatique.
Parmi les 77 athlètes préoccupés par ces changements voici ceux ayant signés la lettre la canoéiste Katie Vincent, la volleyeuse de plage Melissa Humana-Paredes, la planchiste Spencer O’Brien, les skieurs acrobatiques Marion Thénault, Alex Beaulieu-Marchand et Philippe Marquis, les skieurs Thomas Grandi, Kelly VanderBeek, Ashleigh McIvor et Anne-Marie Lefrançois, l’avironneuse Sydney Payne et la basketteuse Cindy Ouellet.
Tous s’accordent : le réchauffement climatique met en péril leur sport, leurs performances et leur sécurité. C’est une initiative de l’organisme de sensibilisation Protect Our Winters Canada (POW)
Nombreux de ces athlètes participent déjà activement à la préservation du sport et à la sensibilisation aux enjeux du changement climatique.
La voix des athlètes est très importante pour porter un message aussi crucial que la préservation de la planète. Ce sont les premiers au front et donc sur le terrain à subir les conséquences du réchauffement climatique. Les athlètes sont aussi suivis sur les médias sociaux par des millions de personnes, ce qui peut avoir une forte influence sur les preneurs de décisions.
Protect Our Winters Canada est une communauté d’athlètes professionnels et de marques de l’industrie qui s’unissent pour plaider en faveur de solutions au changement climatique. Ils luttent pour la sauver le sport et la protéger la planète.
Sport+Eco a eu la chance de faire des entrevues avec plusieurs olympiens comme Melissa Humana-Paredes, Marion Thénault et Philippe Marquis, tous les trois très impliqués dans la lutte contre le réchauffement climatique et membres de la coalition Green Sports Days Canada.

Entre décisions politiques et urgence climatique
Les athlètes soulignent que les engagements climatiques doivent rester une priorité, la pression se fait de plus en plus forte sur le futur du sport.
Il est nécessaire de renforcer nos engagements pour atteindre les cibles climatiques du pays. D’ailleurs, le Canada s’est engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050, objectif inscrit dans sa législation en 2021. Pour y parvenir, il prévoit notamment de réduire ses émissions d’au moins 40 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, selon l’Accord de Paris.
Les défis du gouvernement sont multiples, mais le changement climatique ne doit pas passer outre les autres priorités et les objectifs doivent rester sur le radar.
Cependant selon le Devoir, “les libéraux ont annulé les maigres progrès environnementaux qu’eux-mêmes avaient préalablement achevés au cours des dix dernières années “ :
- Abolition de la tarification du carbone ;
- Approbation de deux projets de gaz naturel liquéfié ;
- Fin des incitatifs pour les véhicules électriques ;
- Fin des prêts sans intérêts pour les rénovations écologiques ;
- Loi visant à contourner nos lois environnementales pour approuver des projets dits « d’intérêt national »…
“Le temps joue contre nous face à la crise climatique. Les solutions existent, mais elles exigent une action immédiate et collective, comme celle d’une véritable équipe. Nous faisons tous partie d’Équipe Canada. C’est pourquoi nous vous demandons, à vous ainsi qu’à l’ensemble des membres du Parlement, de rehausser sans délai vos engagements afin que le pays atteigne ses objectifs climatiques.” Passage de la lettre des athlètes.
Le sport appelle la COP30 à agir pour l’action climatique
Dans un communiqué publié pendant la COP30, les signataires du cadre Sports for Climate Action de l’ONU sur les changements climatiques exhortent les institutions publiques et privées et tous les dirigeants à reconnaître officiellement et à soutenir le rôle du sport en tant que partenaire stratégique de l’action climatique et de la résilience des communautés.
Selon l’article de Forbes, le communiqué appelle les gouvernements à intégrer le sport dans leurs stratégies climatiques nationales et à investir dans sa capacité à sensibiliser, mobiliser les citoyens et offrir des solutions concrètes. Il encourage également les villes à collaborer avec le milieu sportif sur le transport à faibles émissions, la résilience des installations et les initiatives de sensibilisation portées par les athlètes.

Et maintenant ? Le rôle du milieu sportif dans la transition climatique
Comme on le voit ici, le rôle des athlètes est primordial. Ce sont les athlètes, les premières victimes de ce changement climatique et donc de leur performance. Les athlètes avaient déjà interpellé la FIS (Fédération Internationale de Ski) en 2024 face à ces changements et au manque de neige. En 2023, 200 athlètes issus de nombreuses disciplines ont signé une lettre à l’intention de la FIS et de surf des neiges pour lui demander d’adopter des mesures contre les changements climatiques.
Le rôle des fédérations ne se limite pas à organiser des compétitions. Il est de leur devoir de de prendre en compte les demandes des athlètes mais surtout de garantir des conditions sécuritaires et préserver les environnements qui rendent leurs disciplines possibles. L’adaptation des calendriers, notamment pour éviter les débuts de saison trop aléatoires, en est un exemple. La multiplication des compétitions annulées ou reportées à cause du manque de neige montre que ces ajustements deviennent incontournables.
Des solutions existent, mais elles exigent une approche coordonnée entre athlètes, fédérations, organisateurs d’événements, villes hôtes et partenaires institutionnels. Le sport peut devenir un acteur structurant de la transition climatique, non seulement parce qu’il en subit les impacts, mais parce qu’il possède un pouvoir unique de mobilisation.
Le rôle de Sport+Eco est de mettre en lumière ces mobilisations, de raconter les initiatives qui fonctionnent et d’accompagner les organisations qui souhaitent passer à l’action. Nous offrons des diagnostics adaptés à la réalité des événements et des fédérations, et nous aidons à bâtir des plans de transition réalistes, progressifs et alignés sur le terrain.
Le milieu sportif a devant lui une opportunité historique : faire de la résilience climatique un pilier de son développement futur — et donner à la voix des athlètes l’impact qu’elle mérite.
Ce qu’il faut retenir :
- 77 athlètes canadiens, olympiens et paralympiens se mobilisent pour l’avenir du sport au Canada, notamment le sporti d’hiver au Canada
- Perte de 15 jours de neige en hiver
- +1,7 °C d’ici 2050 (source Concordia 2020)
- Seulement 10-15 jours de patinage extérieur contre 55 jours en 2010
Conclusion : Quel est l’avenir du sport au Canada ?
Le changement climatique transforme déjà le sport d’hiver au Canada. La mobilisation des athlètes montre que le milieu sportif n’est plus un simple témoin : il devient un acteur de la transition. La prochaine étape ? Transformer cette prise de parole collective en engagements, en innovations et en actions concrètes dans les fédérations, les clubs, les événements sportifs et les politiques publiques, pour assurer l’avenir du sport au Canada.
Le sport a toujours été un vecteur de leadership et de mobilisation. La question est désormais simple : quelle place lui donnera-t-on dans la lutte climatique ?



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